Hortus Deliciarum


"L’Hortus Deliciarum" ou "Jardin des Délices" est probablement l’un des plus célèbres manuscrits alsaciens. Il a vu le jour au XIIe siècle dans un haut-lieu spirituel emblématique de l'Alsace, au couvent du Mont-Sainte-Odile, qui portait alors le nom de Hohenbourg. A cette époque, l’abbesse de ce couvent, Herrade, décida de composer un manuel d’instruction pour les jeunes filles de la noblesse qui vivaient au couvent. L’abbesse puisera au cœur de la Bible, dans le Cantique des Cantiques, pour conférer à ce manuscrit son célèbre titre.

Un manuscrit haut en couleurs

L’ouvrage se composait de deux parties et comprenait quelque 324 feuilles. Les enluminures couvraient plus d’un cinquième de l’ensemble.

Le contenu du manuel concernait l'histoire biblique, mais n'était toutefois pas exclusivement religieux. Au Moyen-Age, l’ouverture sur le monde s’imposait même dans les monastères. Ainsi, le lecteur pouvait y découvrir des détails profanes tels les signes du zodiaque, les arts libéraux jusqu’à la roue de la fortune.


Etudes et copies

Durant des siècles, le Jardin des Délices réussit à échapper aux vicissitudes de l’Histoire : incendies, guerres, pillages, Révolution... En 1803, l’ouvrage, devenu bien national, rejoignit les superbes collections de la Bibliothèque municipale de Strasbourg installées au Temple-Neuf. Cette bibliothèque conservait de nombreux biens culturels précieux de l'Alsace.

C'est alors que les admirateurs du manuscrit se mirent à l’étudier, à calquer des détails et même publier des planches colorées. Parmi eux, le chef de la police strasbourgeoise Christian Maurice Engelhardt, ou encore le comte Auguste de Bastard qui conserva l’ouvrage pendant dix ans à Paris.

Détruit par les flammes

Malheureusement, dans la nuit du 24 au 25 août 1870, la bibliothèque fut victime du bombardement de la ville de Strasbourg par les Prussiens. Le feu détruisit la deuxième plus importante bibliothèque de France et, avec elle, plus de 400 000 volumes du patrimoine régional. Le Jardin des Délices fut réduit en cendres.

Ne subsistaient plus que les copies. Débutèrent alors des multiples travaux de reconstitution. De nos jours, certains espèrent encore découvrir une page perdue, lors des multiples prêts au XIXe siècle…


Un témoignage exceptionnel

Les iconographies présentées sur notre site sont extraites de l’une des copies réalisées en 1818 au format du manuscrit original, sous la direction de Christian Moritz Engelhardt. Ce dernier a regroupé par planches thématiques des enluminures glanées dans l'ensemble du manuscrit. Aujourd'hui, ces fragments nous livrent un regard sur le Moyen-Age en Alsace.

Composé de 12 feuillets, l'album porte le titre "Herrad von Landsberg, Aebtissin zu Hohenburg, oder St. Odilien, im Elsass, im zwölften Jahrhundert und ihr Werk : Hortus deliciarum. Ein Beitrag zur Geschichte der Wissenschaften, Litteratur, Kunst, Kleidung, Waffen und Sitten des Mittelalters".



L’exemplaire de la Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel a la particularité d’être coloré et rehaussé d’or et d’argent.